Mot de la doyenne de la Faculté de musique de l’UdeM
Chères amies, chers amis,
Quel bonheur que de vous retrouver à la Maison symphonique de Montréal, l’une des meilleures salles de la métropole, à l’occasion de ce premier grand concert de la saison 2023-2024 de l’Orchestre de l’Université de Montréal, sous la direction de Jean-François Rivest.
Notre OUM célèbre cette année son 30e anniversaire. Et pour marquer le coup, l’École supérieure de ballet du Québec et le chorégraphe Andrew Skeels se joignent aux étudiantes et étudiants membres de l’OUM dans des extraits de Daphnis et Chloé. En plus de cette collaboration enrichissante avec la danse, deux autres disciplines importantes de la Faculté de musique seront à l’honneur et feront briller notre communauté étudiante : le piano, avec l’éblouissant double concerto de Mendelssohn, de même que la composition et création sonore, avec une œuvre orchestrale présentée en première mondiale.
Notre Faculté accueille près de 600 étudiantes et étudiants chaque année dans diverses disciplines de la musique. Il n’en demeure pas moins qu’elle forme un artiste à la fois, dans la singularité et dans sa complexité. L’événement de cet après-midi témoigne de notre engagement constant à leur offrir des expériences multiples et formatrices ancrées dans les réalités du milieu professionnel et qui leur donnent l’occasion d’amplifier leur potentiel et de développer leur créativité.
Je vous souhaite, à toutes et à tous, un excellent concert.
Nathalie Fernando
Doyenne de la Faculté de musique de l’Université de Montréal
Mot de la directrice artistique de l’École supérieure de Ballet du Québec
C’est avec un immense plaisir que l’École supérieure de ballet du Québec s’associe à l’Université de Montréal pour présenter l’œuvre intemporelle Daphnis et Chloé à la Maison symphonique de Montréal en célébration du 30e anniversaire de l’Orchestre de l’Université de Montréal.
Je suis heureuse de cette collaboration avec une figure emblématique de la musique classique et un complice de longue date, M. Jean-François Rivest, chef d’orchestre principal, fondateur et directeur artistique de l’Orchestre de l’Université de Montréal. Je salue son engagement indéfectible envers l’éducation et l’excellence artistique.
L’École supérieure a immédiatement pensé au chorégraphe Andrew Skeels pour donner corps à Daphnis et Chloé. Andrew Skeels apporte une signature artistique unique et moderne à cette pièce emblématique. Sortant des sentiers battus de la narration, il insuffle à nos danseurs une sensibilité à la musique et une organicité du mouvement qui nous plongent dans un univers aussi hypnotique que fascinant.
Ce projet offre à nos élèves une formidable opportunité de grandir artistiquement. Outre la chance inouïe de travailler avec un chorégraphe de renommée mondiale dont les œuvres font vibrer les grandes scènes du monde, danser à la Maison symphonique aux côtés de l’Orchestre de l’Université de Montréal qui joue en direct, représente une expérience unique et formatrice.
Je suis sûre que ce spectacle va résonner longtemps dans les cœurs de celles et ceux qui auront la chance de le voir.
Anik Bissonnette
Directrice artistique
École supérieure de ballet du Québec
Programme musical
L’OUM et Daphnis et Chloé de Ravel
Dimanche 12 novembre 2023 – 15 h
Maison symphonique de Montréal
Orchestre de l’Université de Montréal
Jean-François Rivest, chef
Ming Wong et Charissa Vandikas, piano (Prix Peter White et Mary Feher du Concours de concerto de l’OUM 2023)
Élèves de l’École supérieure de ballet du Québec
Andrew Skeels, chorégraphe
Chœur Métropolitain
Chœur sénior de l’École de musique Vincent-d’Indy
François A. Ouimet, chef de chœur
Snežana Nešić
Lauréate du Concours de composition de l’OUM 2023
Lysis (création)
I. Orchestrion
II. Hierophanie
III. Solaris
IV. Ékleipsis
V. Assist (Agni Parthene)
VI. Rubedo
Felix Mendelssohn (1809-1847)
Concerto pour deux pianos en mi majeur
I. Allegro vivace
II. Adagio non troppo
III. Allegro
Entracte
Maurice Ravel (1875-1937)
Daphnis et Chloé (extraits)
La Faculté de musique remercie La Presse, partenaire média de la saison 2023-2024.
Le piano Steinway utilisé lors de ce concert a été généreusement offert à l’Orchestre symphonique de Montréal par le mécène David B. Sela, qui a accepté de le prêter à la Faculté de musique de l’Université de Montréal.
Les artistes
Jean-François Rivest
Directeur artistique de l’Orchestre de l’Université de Montréal
Professeur titulaire à la Faculté de musique
« Jean-François Rivest : Grand Allumeur » – Le Devoir, 2019
« La musique triomphe sous la baguette de Jean-François Rivest » – Le Soleil, 2020
« Jean-François Rivest : illumineur de ténèbres » – Le Nouvelliste, 2022
Le chef d’orchestre québécois Jean-François Rivest est réputé pour son énergie, sa technique d’une extrême précision et son style passionné, émouvant et profondément engagé. Il maîtrise naturellement une très grande variété de langages musicaux (du baroque au répertoire d’aujourd’hui).
Invité régulier de nombreux orchestres, à Montréal, au Canada comme à l’étranger (États-Unis, Mexique, Pérou, France, Suisse, Espagne, Russie, Corée du Sud), il a été chef en résidence à l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) de 2006 à 2009, où son passage a été particulièrement significatif, ainsi que directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Laval pendant 10 ans, et du Thirteen Strings Ensemble d’Ottawa, pendant 5 ans. Durant les derniers mois de 2021, en pleine pandémie, il a dirigé à l’Opéra de Lausanne et de Fribourg en Suisse, ainsi que 8 concerts de l’Orchestre du Pays Basque, en France.
D’abord désigné premier chef invité et conseiller artistique en 2021, il a été tout récemment nommé directeur artistique du prestigieux orchestre de chambre I Musici de Montréal; une nomination qui, comme le soulignait Christophe Huss dans Le Devoir, « tombe sous le sens, puisque depuis son arrivée, la chimie a très bien fonctionné entre le chef et les musiciens ».
Jean-François Rivest croit fermement que la carrière d’interprète doit se doubler d’une action pédagogique afin de former les prochaines générations de musiciennes et de musiciens. Il a œuvré au sein de plusieurs institutions et, tout particulièrement depuis 1993, à la Faculté de musique de l’Université de Montréal où il a enseigné longtemps le violon et maintenant la direction d’orchestre et divers cours d’interprétation avancés. Il est le fondateur, directeur artistique et chef principal de l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM).
À titre de directeur artistique du Centre d’arts Orford (maintenant Orford Musique) de 2009 à 2105, il a présidé à la destinée de son académie prestigieuse et de son festival international. Ses années à la tête du Centre d’arts ont été un franc succès et considérées comme des années de grand renouveau artistique. Il s’est d’ailleurs vu décerner le Prix Opus du Directeur artistique de l’année 2011, par le Conseil québécois de la musique.
Formé au Conservatoire de musique de Montréal et à la Juilliard School de New York, Jean-François Rivest a étudié principalement avec Sonia Jelinkova, Ivan Galamian et Dorothy DeLay, et s’est imposé rapidement comme l’un des meilleurs violonistes québécois de sa génération.
Il est père de 4 enfants et la famille est au cœur de sa vie. Jean-François Rivest est passionné de plein air et de nature (plongée sous-marine, kayak de mer, escalade, trekking, photographie) et compte de nombreuses expéditions importantes à son actif. Il détient un brevet de pilote privé et vole régulièrement à bord de son bon vieux Cessna. Par ailleurs, il croit que la nature, dans toutes ses manifestations, constitue une inspiration vitale dans la profession artistique.
Andrew Skeels
Chorégraphe
Andrew Skeels est le directeur artistique de Skeels Danse Montréal. Il a créé des œuvres pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève, Les Grands Ballets canadiens de Montréal, le TanzTheater International Festival Hannover, le Théâtre de Suresnes Jean-Villar, Les Ballets Jazz de Montréal, le Cirque du Soleil, le Kansas City Ballet, le Festival Quartiers Danses, le Festival des Arts de Saint-Sauveur, le WestWave Dance Festival San Francisco, le Colorado Ballet et le Festival Ballet Providence.
Il est lauréat du Grand Prix de la Critique 2018 à Paris pour sa production Finding Now au Théâtre de Suresnes. En 2015, il a remporté la Hannover Think Big Choreographic Residency Competition et a reçu le Prix Coup de Cœur du Public 2013 du Festival Quartiers Danses.
Ancien danseur des Grands Ballets canadiens de Montréal, il a interprété des œuvres de Jiri Kyliàn, Mats Ek, Ohad Naharin, Stijn Celis, Didy Veldman, Marco Goecke, Stephan Thoss, Christopher Wheeldon, George Balanchine et de nombreux autres chorégraphes.
Son langage chorégraphique reflète sa curiosité et son amour toujours grandissants pour l’art de la danse. Il s’inspire de sa formation de monteur de films et applique une approche cinématographique à sa chorégraphie. Il met les danseurs au défi, leur demandant de bouger avec une vitesse audacieuse, une fluidité époustouflante et un grand relâchement. Son travail est axé sur le détail et il travaille patiemment pour perfectionner la qualité du mouvement, la musicalité et les nuances à l’intérieur de son œuvre, offrant de multiples points d’entrée pour entrer en contact avec le public : histoire, performance dynamique, mouvement innovant et musique puissante.
Charissa Vandikas
Piano
Doctorante en interprétation
Récipiendaire du Prix Peter White et Mary Feher
Charissa Vandikas, qui a figuré parmi les « 30 meilleurs musiciens classiques canadiens de moins de 30 ans » de la CBC, est établie comme une pianiste à l’avenir prometteur. Soliste et chambriste, elle a remporté des prix au concours international de musique de l’ARD, au Concours international de duo Suzana Szörenyi et au Concours de musique du Canada. Elle a récemment remporté un prix à la 111e édition du prestigieux concours Prix d’Europe.
Charissa Vandikas a fait ses débuts avec le Greater Toronto Philharmonic Orchestra en 2013. Depuis, elle s’est produite avec des orchestres autour du monde, notamment l’Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise, l’Orchestre de la radio de Munich, l’Orchestre de chambre de Munich, le Haydn Youth String Orchestra, le Royal Conservatory Orchestra, et l’Orchestre de la francophonie.
Elle est diplômée de la Glenn Gould School et de l’Université de Montréal, où elle poursuit actuellement des études de doctorat avec les professeurs Charles Richard-Hamelin et Jean Saulnier. Ses anciens professeurs incluent Henry Kramer (qui enseigne également à la Faculté de musique), John O’Conor, et Janice Lin.
Ming Wong
Piano
Doctorant en interprétation
Récipiendaire du Prix Peter White et Mary Feher
Le pianiste canadien Ming Wong a commencé à jouer du piano à l’âge de six ans. Il a depuis remporté des prix dans divers concours, notamment le Concours Juliusz Zarębski, le concours WPTA, le concours Orbetello, ainsi que des concours de concerto scolaires et des bourses spéciales.
Ming Wong a fait ses débuts orchestraux avec l’Orchestre symphonique d’Ashdod en 2013 et a travaillé avec des chefs d’orchestre tels qu’Uri Segal, Alain Trudel et Marie-France Mathieu. Il a obtenu un baccalauréat en physique avant de compléter une maîtrise en interprétation à l’Université de Montréal, où il poursuit actuellement un doctorat. Ses principaux professeurs sont Jean Saulnier, Charles Richard-Hamelin, Henry Kramer, Violetta Egorova et Epifanio Comis. La collaboration avec la pianiste Cécile Ousset a également joué un rôle important dans son développement artistique.
Au cours de la saison musicale 2023-2024, en plus du concert de cet après-midi, il interprétera le concerto de chambre de Berg sous la direction de Paolo Bellomia, et le 17e concerto pour piano de Mozart avec Vincent Hamel.
Snežana Nešić
Compositrice
Doctorante en composition et création sonore
Snežana Nešić a étudié la composition, l’accordéon et la direction d’orchestre au conservatoire de Kiev, à l’École supérieure de musique, de théâtre et médias (HMTM) de Hanovre et est actuellement doctorante en composition et création sonore à la Faculté de musique de l’Université de Montréal.
De 2011 à 2021, elle a enseigné la composition et la musique contemporaine à l’HMTM de Hanovre et à la HMT Leipzig et enseignera prochainement au conservatoire Dr Hoch à Francfort.
Snežana Nešić a reçu de nombreuses commandes de compositions, notamment du Gewandhaus de Leipzig, de la Philharmonie du Luxembourg, de l’Opéra de Hanovre et du Kammeroper de Cologne. Elle a remporté les 1ers prix du Concours international de composition du Quatuor Molinari, du Concours international de composition du Printemps de Weimar et le "Andrea Ceraso" Rome Award. De plus, elle a été compositrice en résidence à l’Académie allemande de Rome, à la Casa di Goethe à Rome et au Centro Tedesco di Studi à Venise. Elle est directrice artistique des ensembles ur.werk, et interprète et dirige de nombreuses premières d’œuvres de compositrices et compositeurs contemporains. Depuis 2022, elle est présidente pour le nord de l’Allemagne au sein de l’Association allemande des compositeurs (DKV).
François A. Ouimet
Chef de chœur
Basé à Montréal, François A. Ouimet est un chef de chœur, chanteur et musicien aux horizons multiples. Il est responsable du programme de chant choral à l’École de musique Vincent-d’Indy. Il est chef-répétiteur pour le Chœur Métropolitain, dirigé par Yannick Nézet-Séguin. Il est également choriste professionnel.
Polyvalent, passionné, positif et exigeant, il est très en demande et donne des ateliers sur le chant choral partout au Québec et au Canada. Il enseigne au camp musical Cammac depuis plus de 20 ans.
L’École supérieure de ballet du Québec
L’École supérieure de ballet du Québec a pour mission de former des danseurs et des créateurs répondant aux plus hauts critères des institutions du monde professionnel de la danse et, par le fait même, de promouvoir la reconnaissance, le rayonnement et le développement de la danse.
Fondée en 1952 par madame Ludmilla Chiriaeff et incorporée en 1966 à la demande du ministère des Affaires culturelles du Québec, elle est la référence au Québec en matière d’enseignement et de formation professionnelle en danse classique.
Fort de son affiliation avec les Grands Ballets canadiens, nombre de ses diplômés s’illustrent au sein de cette compagnie majeure, tandis que d’autres poursuivent leur carrière en danse classique ou contemporaine sur les plus grandes scènes d’ici et d’ailleurs.
L’École supérieure attache une importance toute particulière au ballet comme élément fondateur d’une tradition toujours en évolution. L’épanouissement individuel de ses étudiants en tant qu’artistes est au cœur de ses actions. Son désir le plus cher est de les accompagner à devenir des danseurs compétents, engagés, passionnés et curieux.
L’École supérieure mène sa mission grâce au soutien financier du ministère de la Culture et des Communications du Québec ainsi que du ministère du Patrimoine canadien. Membre de l’Association des écoles supérieures d’art du Québec, l’École supérieure reconnaît également la collaboration de ses partenaires scolaires, le Cégep du Vieux Montréal et le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie.
Elle offre également un programme de formation pour les pianistes accompagnateurs, une formation diplômante (AEC) en enseignement de la danse ainsi que des cours récréatifs pour les enfants et les adultes.
Les élèves de l’École supérieure de ballet du Québec
| 19 danseuses et danseurs du cycle supérieur de l’École supérieure de ballet du Québec participent à ce concert :
Nickolas Anderson
|
Chœur Métropolitain et Chœur sénior de l’École de musique Vincent-d’Indy
Les choristes qui participent à ce concert sont membres du Chœur Métropolitain et du Chœur sénior du programme Musique-études de l’École de musique Vincent-d’Indy Sopranos
Altos
Ténors
Basses |
Les œuvres
Préambule
Élan de nouveauté, élan de jeunesse, élan de passion! L’Orchestre de l’Université de Montréal entame sa 30e saison avec Lysis, une création de Snežana Nešić, lauréate du Concours de composition de l’OUM 2023. Vous entendrez ensuite Ming Wong et Charissa Vandikas, gagnantes de la première place du Concours de concerto qui interpréteront avec virtuosité les acrobaties pianistiques du jeune Mendelssohn. Enfin, les élèves de l’École supérieure de ballet du Québec et les chœurs Métropolitain et de l’École de musique Vincent-d’Indy se joindront à l’OUM dans des extraits du célèbre ballet de Ravel, Daphnis et Chloé. Désir, fougue et passion sont au rendez-vous dans cette musique envoutante à l’ambiance pastorale.
Snežana Nešić
Lauréate du Concours de composition de l’OUM 2023
Lysis
Note de programme rédigée par la compositrice :
Lysis tire son nom de la quatrième phase d’un rêve, telle qu’elle est décrite dans l’analyse de la mécanique du rêve par C.G. Jung. Cette phase survient après la troisième, dénommée Verwicklung (le point culminant ou la péripétie, où « quelque chose de décisif se produit ou se renverse »). Dans la phase de « lysis », le rêveur prend soudainement conscience des expériences oniriques étranges qu’il a vécues. Cela est caractérisé par un moment de « déclic », une sorte de prise de conscience à la fois de l’histoire du rêve et de sa propre situation psychique.
Dans ma musique, j’ai souvent exploré les mécanismes des rêves qui, à mon avis, présentent de surprenantes similitudes avec les mécanismes de création d’une œuvre d’art.
Mais je qualifierais aussi de moments « lysis » ces instants dans les rêves significatifs et dans l’art qui offrent des illuminations inattendues et qui montrent le monde soudainement dans toute sa beauté éclatante. Bien que ces moments ne soient pas uniquement liés à la beauté, ils sont également associés à une vérité profondément cachée, qui ne pourrait être exprimée que par les signes du rêve et de l’art.
L’œuvre est dédiée à Ana Sokolović.
Felix Mendelssohn
Né le 3 février 1809 à Hambourg, mort le 4 novembre 1847 à Leipzig
Concerto pour deux pianos en mi majeur
C’est en 1823, à l’âge de 14 ans seulement, que Mendelssohn se lance dans l’écriture de son premier concerto pour deux pianos (il compose le second l’année suivante). Jeune en effet, mais Mendelssohn était déjà particulièrement prolifique en composition : il avait déjà écrit ses 12 Sinfonia pour cordes. Félix était particulièrement bien versé en harmonie, s’intéressant tout particulièrement aux compositions de J.S. Bach et de Mozart. Venant d’une famille bien nantie pour qui l’éducation des beaux-arts et des lettres était de mise, Félix et sa sœur Fanny étudiaient déjà depuis plusieurs années le piano et le contrepoint. Leur talent bien reconnu et le statut social de leur famille leur donnaient accès aux plus grands maîtres de l’époque.
Après la première de son concerto qu’il interpréta lui-même avec Fanny en décembre de la même année, l’œuvre ne reçut que deux autres représentations. Ensuite, ce double concerto tomba dans l’oubli. Mendelssohn lui-même décida de ne pas le publier, considérant son œuvre trop immature. Ce n’est qu’en 1950 que le manuscrit fut trouvé et que le concerto fut à nouveau présenté dans les salles de concerts.
Dans son élan de jeunesse, Mendelssohn compose avec fioriture pour mettre en valeur la virtuosité des solistes. Le premier mouvement s’ouvre sous la structure traditionnelle de l’époque, c’est-à-dire dans une longue introduction (exposition) de la part de l’orchestre où sont présentés la majorité des thèmes musicaux qui seront repris plus tard par les pianos. Entendez clairement l’influence élégante de Mozart, douceur et scintillement. Les solistes se joignent ensuite à l’orchestre, d’abord dans une atmosphère discrète et pensive, mais qui se déploie rapidement de manière énergique.
L’Adagio, le mouvement central, nous berce dans un doux 6/8. On y entend déjà le don de Mendelssohn pour les mélodies éloquentes, évidentes dans ces œuvres matures comme dans ses célèbres Romances sans paroles. Le concerto se termine par un mouvement tout feu tout flamme où, dans sa frénésie, sont mis en scène la virtuosité des deux pianistes. Plusieurs passages sont répétés sans offrir de nouveau matériau, mais ces bis permettent néanmoins des réparties de la part des deux solistes. Après tout, Fanny était aussi virtuose que son frère! L’Allegro se termine sur une brillante envolée, l’apogée de l’exubérance des passages techniques. En somme, une œuvre épatante, où vitalité et virtuosité sont au rendez-vous.
Maurice Ravel
Né le 7 mars 1875 à Ciboure, mort le 28 décembre 1937 à Paris
Daphnis et Chloé (extraits)
C’est en 1909 que Ravel accepte une commande de l’impresario des Ballets russes, Serge Diaghilev, pour une composition musicale sur une légende de l’antiquité grecque. Ravel décrit son œuvre telle « une symphonie chorégraphique en trois parties. » En effet, son « intention était de composer une vaste fresque musicale, moins scrupuleuse de l’archaïsme que fidèle à la Grèce de mes rêves. » Inspirée du roman grec du même nom, Daphnis et Chloé présente l’histoire d’amour de deux enfants abandonnés et élevés par des bergers sur l’île grecque de Lesbos. Dans l’argument original, Chloé se fait kidnapper par des pirates, mais grâce au secours du dieu Pân (nous lui devons l’étymologie du mot « panique » puisqu’en Grèce antique il pouvait nous faire perdre la tête d’effroi), elle est ramenée saine et sauve et les amoureux célèbrent une fin heureuse.
La première du ballet fut dirigée par Pierre Monteux le 8 juin 1912 à Paris, et l’événement ne fut pas accueilli en pompes. Nijinski venait tout juste de présenter aux Ballets russes le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy qui avait causé tout un scandale. Daphnis et Chloé fut alors reçu par un public déjà appréhensif.
Il nous est impossible d’évoquer la musique symphonique du 20e siècle sans réfléchir sur le thème du temps pour les compositeurs français de l’époque. Daphnis et Chloé en est un parfait exemple : l’œuvre s’ouvre dans un paysage sonore où nul ne saurait placer le premier temps. L’atmosphère musicale est aqueuse, fluide. Ce tableau, évoquant le mouvement impressionniste chez les peintres de l’époque, imagine un doux après-midi au ciel clair, à la lisière d’un bois sacré. Dans le ballet original, Daphnis enseigne à Chloé à jouer de la flûte de pan, et ils tombent vite amoureux sous le regard des nymphes.
Débute alors la deuxième partie du ballet par une chorale sans paroles, aux airs inquiétants et aux harmonies tendues. La scène qui suit est animée, la musique très rude et saccadée : nous sommes chez les pirates où Chloé est captive. La troisième partie du ballet annonce la réunion des amants perdus. La scène s’ouvre sur un somptueux lever du jour. L’effet sonore des notes rapides des bois, des cordes et des harpes, peintes sur de longues lignes mélodiques et de riches harmonies, culmine en un soleil radieux, soulevé par les percussions. À la fin, l’ambiance pastorale cède la place à une explosion toute fougue toute passion, une fin qui satisfaisait la tension et le désir accumulés depuis le début du ballet.
Le chorégraphe Andrew Skeels nous présente ce soir une réinterprétation de l’œuvre. Le ballet s’éloigne de la narration, mais crée néanmoins un univers où le mouvement s’anime à l’intérieur des tableaux musicaux peints par Ravel. Comme pour les Ballets russes, la source d’inspiration demeure les couleurs à la fois miroitantes et enflammées de l’orchestre et la finesse de l’écriture du célèbre Maurice Ravel.
Notes de programme (préambule, Mendelssohn et Ravel) rédigées par Emmanuelle Lambert-Lemoine, étudiante au doctorat en interprétation à l’alto
Les prix Peter et Mary Jane White
Un précieux soutien pour nos étudiantes et étudiants solistes
Pour récompenser les lauréates et lauréats du Concours de concerto de l’Orchestre de l’Université de Montréal, Peter A. White a créé, au printemps 2009, les prix Peter et Mary Jane White à la mémoire de sa fille Mary Jane (1956-2005). Passion, engagement social et amour de la vie traduisent en quelques mots l’existence brusquement interrompue de l’épicurienne qu’elle était.
Ode au talent et à la jeunesse, ces prix permettent à de jeunes interprètes d’explorer « la beauté qui sauvera le monde » (pour paraphraser Dostoïevski) comme Mary Jane souhaitait tant le faire. Le souvenir de Mary Jane White offre de l’espoir, du courage et du réconfort à toutes les personnes qui poursuivent cette quête d’absolu.
Lors des deux dernières éditions du Concours de concerto de l’OUM, les étudiantes et étudiants suivants ont été récompensés par les prix Peter et Mary Jane White :
Édition 2023
1er Prix (2 500 $) : Ming Wong et Charissa Vandikas, piano
2e prix (1 500 $) : Catherine Chabot, flûte
3e prix (1000 $) : Fiona Wu, piano
Édition 2022
1er Prix (2 500 $) : Emmanuel Quijano Vasquez, violon
2e prix (1 500 $) : Ming Wong, piano
3e prix (1000 $) : Jinhua Li, piano
Nous tenons à saluer chaleureusement la conjointe de feu Peter White, Mary M. J. Feher, qui continue d’honorer la mémoire de son époux en perpétuant son engagement à l’égard de la Faculté de musique et de ses étudiantes et étudiants solistes par le biais de ces prix.
Les admissions sont en cours
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