Étudiant au doctorat en interprétation (percussion classique)
- En quelques mots, comment vous décririez-vous?
Je suis artiste percussionniste. Artiste, car j’aime penser que comme musicien, je fais partie d’un ensemble encore plus grand, une galaxie des possibles, un univers à part entière où des milliers de concepts s’entremêlent et se chamaillent. Ensuite percussionniste, car la percussion fait partie de ma vie depuis très longtemps. Elle est un vaste territoire à l’intérieur duquel se rassemblent des centaines d’instruments. Après plus de 15 ans de pratique rigoureuse en France et l’obtention d’une maîtrise en percussion à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, j’ai décidé de me rapprocher de l’instrument qui me parlait le plus, le marimba, et d’en faire une spécialisation en poursuivant au doctorat en interprétation.
- Parlez-nous un peu de votre parcours.
Je viens de la ville de Dijon, capitale de la Bourgogne en France, où j’ai été initié à la musique assez tôt, par le biais de ma mère, professeure de piano. Rapidement, quelques morceaux de piano plus tard, animé par une énergie débordante, j’ai été instinctivement attiré par la percussion.
Après des études au Conservatoire de Dijon, où j’obtins mon premier diplôme professionnel, j’ai poursuivi mon parcours à la Haute École des Arts du Rhin de Strasbourg, ville dans laquelle j’ai pu faire partie du groupe de percussion Koremos Quartet. Je me perfectionne à Montréal depuis quatre ans. Je ne suis que gratitude envers les différents maîtres que j’ai pu croiser dans ma vie musicale!
Fort d’une grande expérience d’orchestre et de musique de chambre, je choisis désormais de me concentrer sur un projet plus personnel dans le cadre de mon doctorat en interprétation.
- À la Faculté de musique, y a-t-il des personnalités qui vous ont marqué?
Par son expérience et son authenticité, la figure de Julien Grégoire reste une réelle source d’inspiration pour moi. Une inspiration qui permet constamment de se rappeler que plus on acquiert de la connaissance, plus l’on est conscient de ce que l’on ne sait pas. Je pourrais aussi mentionner le chef de l’Ensemble de musique contemporaine de la Faculté, Jean-Michaël Lavoie, pour qui j’ai une grande estime.
- Pour vous, la percussion, qu’est-ce que c’est?
La percussion se révèle à moi comme un vaste territoire, une terre dessinée à la lumière des différentes cultures qui la composent. En chaque culture résident des instruments qui voyagent à travers ce territoire. Ils se mélangent, se percutent, se rassemblent, s’ignorent, s’associent et se complètent. Comme un pays qui compterait pléthores d’accents, ces instruments sont unis au sein de la même famille, celle des percussions.
- Quel est votre artiste préféré et pourquoi ?
D’un point de vue percussif, le compositeur actuel m’inspirant le plus est Gene Koshinski. J’ai découvert ce percussionniste américain il y a une dizaine d’années, avec son Concerto pour marimba et chœur, une œuvre qui m’a poussé à approfondir ma technique. En plus d’être un excellent percussionniste, il est l’un des compositeurs actuels les plus prolifiques quant au répertoire pour percussion.
- Quelles sont vos inspirations ?
Toutes les personnalités fortes et inventives qui ont réussi à donner corps à leurs idées en dépit des obstacles.
- Quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou une étudiante de première année ?
Je lui conseillerais de se définir une échelle d’objectifs pour amorcer son cursus avec confiance, de très court terme (quotidien) à très long terme (au-delà du diplôme). Aussi, de rapidement comprendre ses atouts comme musicien ou musicienne, de s’y accrocher et de les renforcer.
- Quelles sont les trois qualités les plus importantes pour un musicien ou une musicienne?
Avant tout autre chose, l’écoute. Il est crucial d’avoir, et de développer, une perception fine des personnes qui nous entourent, de leurs jeux, de leurs intentions, de leur son, de leur respiration et de leur présence physique.
Ensuite, je pense que l’artiste se doit d’être à l’écoute de ses propres émotions. Il doit y puiser l’énergie pour permettre à la musique d’exister sans pour autant se faire submerger par celles-ci, le but étant de servir la musique.
Finalement, la lucidité. Il faut être extrêmement conscient, et ce à tout moment d’une carrière, du travail considérable que demande une vie de musicien. Ne jamais se reposer sur ses acquis, ou du moins, s’en servir pour en acquérir de nouveaux!
- Outre la musique, quels sont vos intérêts ?
Je m’intéresse notamment à la politique, à la crypto-monnaie et à la réalité virtuelle.
- Quelles sont vos aspirations ?
J’aspire à comprendre davantage le monde qui m’entoure, les relations interpersonnelles et les enjeux culturels à venir. J’espère finalement être plus sage demain que je ne le suis aujourd’hui. Comme disait Rabelais « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Je pense qu’une attention donnée à la musique permet de se développer dans bien des domaines.
- Quels sont vos projets pour l’avenir ?
En années post-doctorat, je vais réaliser des enregistrements des transcriptions pour marimba des œuvres phares du compositeur québécois André Mathieu : la Rhapsodie Romantique, le Concerto de Québec et le Quatrième concerto en do mineur.
Février 2022