Sylveline Bourion
Diplômée et professeur agrégée en analyse musicale
Rencontre avec Sylveline Bourion, diplômée et professeur agrégée en analyse musicale à la Faculté de musique de l'Université de Montréal.
- Parlez-nous de votre champ de recherche?
À la Faculté de musique, j'enseigne l'analyse. C'est-à-dire que je suis un peu l'anatomiste de la musique! Je vais rechercher les récurrences de langage ou les traits stylistiques qui reviennent: ce qui fait qu'une époque musicale possède des caractéristiques qui lui sont propres, ou encore qu'un compositeur "sonne" comme il sonne. C'est ainsi que je me suis, entre autres, intéressée à Debussy, dont j'ai étudié la manière de composer pour dégager des éléments très personnels dans sa façon de manier les notes et les formes. C'est un peu comme une enquête policière, mais dans le cadre très particulier de la partition musicale!
- Qu'est-ce qui vous a incité à vous pencher sur ce champ de recherche?
J'ai découvert l'analyse, ou plutôt je me suis découverte en elle, dès le début de mes études à la Faculté de musique où j'ai réalisé toutes mes études (baccalauréat, maîtrise et doctorat). Dès le début, trouver la "logique" d'une œuvre, comprendre ses rouages, ses mécanismes, a été quelque chose d'attirant pour moi, car il y avait le côté enquête, mais aussi parce que cette enquête était interminable, d'une certaine façon. On n'a jamais complètement fait le tour de la question, lorsqu'on se penche sur une œuvre d'art, parce que son sens est constamment renouvelé. Par ailleurs, ma première formation avait été scientifique, et je retrouvais dans l'analyse un certain goût pour la rigueur, pour les jeux mathématiques que j'avais longuement pratiqués avant.
- Comment définissez-vous votre approche pédagogique?
J'entre avec mes étudiants dans énormément d'œuvres du répertoire. Plutôt que d'amener des consignes théoriques, j'aime bien illustrer immédiatement la notion dont je parle avec quelques extraits de répertoire, pianistique, de musique de chambre, d'orchestre, etc. De cette manière, on se rend compte de la diversité des approches des compositeurs, de la possibilité incroyablement variée qu'a, par exemple, une cadence finale, de se manifester dans le concret des œuvres.
- En quoi la recherche modifie-t-elle vos pratiques et méthodes d’enseignement?
J'aime enrichir sans cesse mon enseignement avec la découverte de nouvelles œuvres, raffiner les notions que j'enseigne en les mettant à l'épreuve du réel, en les confrontant à de nouvelles situations, dans des œuvres que je n'ai pas encore étudiées. L'analyse, la vision que l'on se fait de l'analyse, n'est jamais une chose terminée ; surgit une nouvelle situation que l'on n'avait pas encore appréhendée, un nouveau problème que l'on n'avait pas anticipé...
Novembre 2020