Ethnomusicologie
Avec sa démarche à caractère essentiellement anthropologique résultant de plus d’un siècle d’histoire, l’ethnomusicologie vise à comprendre les rapports qui prévalent entre l’être humain et le musical, quelles que soient les cultures.
Elle concerne donc l’étude du fait musical dans une société ou une communauté symbolique donnée, généralement autre que celle à laquelle appartient le chercheur, et ce, de l’aspect plus collectif à la démarche plus personnelle du musicien. L’ethnomusicologie a développé des méthodes d’enquête et d’expérimentation spécifiques souvent à la frontière de plusieurs disciplines.
L’approche de la Faculté
Telle qu’enseignée à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, l’ethnomusicologie repose sur une approche pluridisciplinaire et comparative. On y aborde les phénomènes musicaux de tradition orale ou semi-écrite, bien que plusieurs méthodes de l’ethnomusicologie puissent s’appliquer à la musique dite savante occidentale.
Les sujets traités sont, entre autres :
- L’organologie
- Les techniques d’enquêtes et de collectes de données sur le terrain
- Les techniques de jeu des musiciens
- Les processus compositionnels
- Les théories musicales explicites ou non
- Les processus créatifs innovants
- Les goûts musicaux
- Les émotions
- Les significations socioreligieuses relatives au fait musical
- Les processus d’emprunts et de métissages
- Les comportements reliés aux pratiques musicales
- Les processus de construction identitaires
- La transmission des savoirs
Toutes les formes de productions musicales sont considérées dans leur diversité comme dans leurs points communs. Les concepts et les théories dont l’ethnomusicologie se nourrit permettent de s’interroger sur l’évolution dans le temps et l’espace des productions musicales et, pourquoi pas, sur ce qu’est la musique, au-delà des frontières désormais assez artificiellement tracées entre nature et culture.
Une riche collection d’instruments de musique du monde
Projet initié en 1989 sous l’impulsion de Monique Desroches, la collection scientifique d’instruments de la Faculté de musique compte aujourd’hui plus de 850 spécimens provenant des cinq continents, déposés et archivés dans un espace aux normes de conservation muséale. Elle fait partie des grandes collections de l’Université de Montréal.
La majorité des instruments sont issus de la récupération d’objets de nature animale, végétale, parfois minérale, et même industrielle. Par exemple :
- Tortues-hochets
- Sonnailles en sabots de chèvre ou en coques de fruit
- Trompe en boîtes de conserve
- Planche à laver « racleur »
Les instruments y sont classés selon quatre grandes familles organologiques définies d’après le principe mécanique de production du son :
- Membranophones
- Aérophones
- Cordophones
- Idiophones.
La collection est utilisée pour les présentations sur les musiques du monde et l’organologie auprès d’étudiantes et d’étudiants de la Faculté de musique aux trois cycles d’enseignement (cours et séminaires d’organologie et d’ethnomusicologie), mais aussi de géographie et de muséologie.
Un peu d'histoire
L’intérêt pour les musiques du monde s’est clairement manifesté au siècle des Lumières où, pour la première fois, Jean-Jacques Rousseau fait figurer diverses transcriptions dans son Dictionnaire de musique (1767).
Mais ce n’est que deux siècles plus tard que l’ethnomusicologie en tant que discipline sera ainsi nommée par l’un des siens, Jaap Kunst, bien qu’en tant que telle, elle soit réellement née sous les traits d’une musicologie comparée à la fin du 19e siècle. À cette époque, les chercheurs visaient la collecte extensive de musiques de traditions orales dans le monde et la documentation des savoir-faire dans une perspective comparative.
Après plus d’un siècle d’histoire, l’ethnomusicologie a trouvé sa place dans une démarche à caractère essentiellement anthropologique et vise à comprendre les rapports qui prévalent entre l’être humain et le musical.
Responsable de programme
Enseignants
Nathalie Fernando, ethnomusicologie et anthropologie de la musique
Simon Labonté, musique inuit, ethnopop
Frédéric Léotard, Asie centrale, musique turcique, appréciation des musiques du monde
Programmes d’études liés à cette discipline